Provenance : France | Éditeur : The Jokers | Date de sortie : 12 juillet 2023

Format vidéo
2160p24 – Ratio 1.77
HDR10 / BT.2020 – Encodage HEVC
Master intermédiaire 4K

Bande-son
Cantonais DTS-HD MA 2.0

Sous-titres
Français

As Tears Go By et Nos années sauvages
3.5/5

Artistique : 10 | Vidéo : 7 | Audio : 7.5

Il est porté à l’attention de nos chers lecteurs qu’outre le matériel de visionnage précisé et utilisé, le rendu peut différer d’une installation à l’autre, qu’elle soit calibrée ou non, de même que les préférences et attentes personnelles sont susceptibles d’influer sur la notation. De surcroît, les images figurant dans l’article ne sont pas représentatives de l’édition testée.

Matériel et condition de test (Config. HP : 5.1.4)
Diffuseur vidéo : Sony Bravia XR-65A95L (Professionnel HDR)
Sources : Oppo UDP-203 Audiocom Reference | Zappiti Reference
Enceintes : Sennheiser Ambeo Soundbar Max (DTS Neural:X), SVS SB-4000

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ŒUVRE - Les amours impossibles

Un petit gangster qui sévit dans les quartiers de Hong Kong souhaite mener une vie meilleure aux côtés de celle qu’il aime / Dans le Hong Kong des années 60, un jeune homme qui collectionne les conquêtes fuit la vie à deux.

Bien avant In the Mood for Love, le Tarantino sensible d’Asie Wong Kar-wai filmait déjà le trouble de l’amour comme personne… D’abord dans un polar de gangsters épuré (inspiré du Mean Streets de Scorsese) où la violence extrême s’évade le temps d’une romance mélancolique en apesanteur, ensuite dans un drame sentimental contemplatif où l’innocence de l’adolescence s’envole durant de petites « minutes » qui changent la vie. La singularité stylistique du Maître se révèle, les thèmes qu’il chérît éclosent, le sentiment amoureux y est magnifié et les acteurs populaires de Hong Kong (Andy Lau, Maggie Cheung, Leslie Cheung, Carina Lau, Jackie Cheung), aux silhouettes sublimées, atteignent la grâce. Premiers essais, premiers chefs-d’œuvre !

« Il existe un oiseau qui ne s'arrête jamais de voler et s'endort dans le vent. Il ne se pose qu'une seule fois dans sa vie... pour mourir. »

IMAGE - D’une terre à l’autre

Fruit d’une collaboration de plusieurs années avec The Criterion Collection, ces restaurations 4K (effectuées par L’immagine Ritrovata) tirées des négatifs originaux 35 mm et étalonnées par One Cool Production (sous la supervision de WKW en personne), nous arrivent dans des transferts UHD HDR10 solides (une compression HEVC supérieure) qui retranscrivent à la lettre le nouvel aspect (assez dissemblable des précédentes sorties) voulu par son metteur en scène : « J’invite les spectateurs à repartir de zéro. Ce ne sont plus les mêmes films et nous ne sommes plus le même public ». Étrangement, l’éditeur a procédé à un recadrage de l’image, passant du format 1.85 à du 1.77 plein cadre. De fait, un léger zoom a été appliqué. Était-ce vraiment nécessaire ?

Les copies ont été soigneusement nettoyées (les marques de détérioration du temps ont toutes été effacées) et stabilisées, la définition présente un raffermissement impressionnant (cf. les décors en arrière-plan) et le piqué, même si inégal (l’usage d’un DNR variable amoindrissant les textures en basse lumière), n’en reste pas moins régulièrement excellent (les gros plans sur les corps et les visages, les fibres textiles). Filtrage hétérogène du grain argentique oblige, l’émulsion de la pellicule perd de son charme d’antan par endroits. Néanmoins, sa trace est encore suffisamment prégnante… Donc loin, très loin du carnage opéré sur In the Mood for Love.

As Tears Go By

Révisionniste mais non moins cohérente (hormis pour la carnation épisodiquement crémeuse dans le Hong Kong des 60’s), la palette colorimétrique aux tons plus modernes souligne mieux les lieux de l’action dans As Tears Go By (plus de chaleur à l’extérieur et de froideur métallisée à l’intérieur) en atténuant les bleus (à présent teintés de cyan) et en saturant davantage les rouges. Quant à Nos années sauvages, un (gros) filtre vert de jade a été généreusement appliqué (alors qu’il été utilisé avec parcimonie par le passé), de sorte que les primaires, neutralisées jusqu’à la halte aux Philippines, n’ont que de (trop) rares occasions pour briller. Un choix certes discutable, mais finalement fort à-propos sur la durée.

En ce qui concerne les contrastes et les sources lumineuses, ils se comportent également différemment d’un film à l’autre… Les noirs sont ainsi plus soutenus (un peu trop parfois) et la luminescence des néons minimisée chez les gangsters, là où la luminosité fait un (petit) bond en avant chez le tombeur de ces dames grâce à des éclairages évanescents joliment embellis.

Nos années sauvages

SON - Les histoires d’amour finissent mal 🎶

Deux pistes sonores dual mono bien équilibrées (dialogues, effets, musiques, etc.) qui n’essuient ni souffle (ou tellement infime qu’il se fait oublier) ni distorsion ni saturation. Le mixage étant enregistré à un niveau curieusement très élevé, je ne saurais que trop vous conseiller de tester le volume avant de basculer sur votre niveau de référence.

Les voix sont intelligibles malgré un timbre légèrement étouffé çà et là (nettement moins sur Nos années sauvages car plus détaché), la dynamique des sons d’ambiance et de la bande originale frappe par sa reprise, et les intentions frontales du mixage perdurent avec précision.

CONCLUSION - Il était une fois... Wong Kar-wai

Avec ses deux premiers films où se dégageait dès lors une poésie de la mélancolie en même temps qu’un questionnement existentiel, l’homme qui capturait le temps et l’amour mieux que quiconque dévoilait les spécificités de son style unique… Néanmoins, aussi belles soient-elles, les présentes restaurations 4K ne manqueront pas de faire débat pour cause de choix discutables sur la préservation fluctuante de la photographie argentique et la refonte moderne de l’éventail chromatique.

Mais comme l’a dit l’intéressé lors d’une interview menée par le magazine PREMIÈRE fin 2020 : « L’un des dilemmes que j’ai dû surmonter avec mon équipe était de savoir si j’essayais de retrouver la forme originelle (…), celle que le public avait découverte (…), ou si je la retravaillais afin qu’elle soit conforme à celle que je désirais au départ. Il y avait tellement de choses que je voulais modifier que j’ai choisi la seconde option, considérant que cela représenterait la vision la plus pénétrante (…), une façon d’améliorer mon travail ».

Nyctalope comme Riddick et pourvu d’une très bonne ouïe, je suis prêt à bondir sur les éditions physiques et les plateformes de SVOD. Mais si la qualité n'est pas au rendez-vous, gare à la morsure ! #WeLovePhysicalMedia

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